Photographier, fixer une fraction du temps sur un support et ainsi pouvoir le regarder à nouveau est un acte passionnant.
Nous observons ainsi la vie s’écouler et construisons image après image la fabrique des souvenirs.
Formé à l’argentique et aux techniques de laboratoire, je reste attaché à cette façon de faire de la photographie. L’atelier, le laboratoire sont des lieux “lents”, rien ne s’y fait sans réflexion, tâtonnement, patience, rêverie…
C’est le mélange des genres entre rencontre de l’autre et travail solitaire qui me plaît, c’est cette interprétation des êtres et des choses, cet artisanat qui m’attire.
Le tirage “ à la gomme ” s’inscrit parfaitement dans cette perspective. Une semaine est nécessaire pour obtenir le tirage final, de quoi laisser la magie opérer.
Le tirage photographique à la gomme
Inutile de réécrire ce qui fût bien fait.
Voici quelques extraits du livre, ici en archive, qui vous permettront d’en savoir un peu plus sur la philosophie du procédé.
[…] Le public n'a pas besoin de l'opinion d'un expert scientifique, car il ne vient pas à une galerie de tableaux pour être instruit en Chimie et en Optique […].
[…] Après avoir été développée et lavée, une impression à la gomme bichromatée est composée d'une couche irrégulière de couleur, maintenue à la surface du papier par une quantité juste suffisante de gomme arabique insoluble. C'est, en fait, une aquarelle, et c'est en vue de lui donner un nom caractéristique, qui rappellera au moins l'une de ses plus simples qualités, que nous l'avons appelée photo-aquateinte […].
[…] En réalité, ce sont bien des aquarelles, car il ne reste sur le papier que de la couleur à l'eau avec la quantité de gomme strictement suffisante pour la fixer d'une manière permanente […].
[…] Le principal avantage du procédé d'impression que nous décrirons consiste dans la possibilité, pour l'artiste lui-même, de l'adapter à sa disposition d'esprit et à ses exigences. Il restera toujours trace de la personnalité de chaque opérateur […].
[…] Chacun peut s'attacher à faire ressortir à son gré la qualité qui lui convient le mieux, parmi celles que possède le procédé, et les modifications qui peuvent être faites sont si nombreuses, que probablement deux opérateurs ne travailleront jamais exactement de la même façon, et il n'est peut-être même pas possible de suivre assez exactement une méthode précédemment employée pour obtenir une reproduction absolument semblable […].
[…] En passant en revue les tendances révolutionnaires qui semblent prévaloir dans la Photographie artistique moderne, nous sommes insensiblement conduits à examiner jusqu'à quel point une méthode donnant une grande latitude à l'opérateur peut être dite légitime, si nous désirons encore conserver l'esprit de la Photographie […].
[…] Nous devons reconnaître franchement que notre méthode a des limites, il n'y a aucune nécessité de changer ses caractéristiques ; notre but avoué est de les accepter et d'employer sans réserve les moyens à notre disposition. Nous pouvons arrêter notre propre type sans qu'il soit nécessaire de nous référer aux conventions et principes établis par d'autres méthodes. Le caractère photographique restera toujours apparent pour ceux qui sont capables de le découvrir […].